Ou
chacun son confinement
ou
la guerre au "tous vers moi"
1. Ça part d'un bon sentiment.
N'est-ce pas normal, là aussi de se défendre ?
Dans ce monde de requin, celui qui n'agit pas se fait dévorer et dépouiller. Il faut jalousement défendre ses biens, sa femme, sa famille, sa réputation, etc. Alors, dévoré d'une sainte jalousie ne faut-il pas agir pour garder et défendre notre bien, notre religion, notre famille, notre patrie ?
Cette sainte jalousie pourrait se définir comme le désir de son bonheur par l'amour des autres pour nous
2. Et là, c'est le drame.
De nécessaire et ordonné notre instinct de défense des biens devient vite désordonné.
Ce n'est plus le bien à défendre qui devient important, c'est le "moi", ou "vers moi". On ne supporte pas que les autres regardent ailleurs, vers quelqu'un qui dit la même chose et que l'on écoute mieux (peut-être la dit-il mieux ?). On ne supporte pas que le prochain ait des biens que nous n'avons pas : biens matériels, ou qualités.
Alors, au lieu de défendre son bien, on devient triste, triste du bien des autres
Les causes ?
• Le désordre du désir d'excellence
• La paresse qui nous fait perdre par notre faute des biens que les autres acquièrent ou gardent.
• L'éducation ou l'habitude de flatter qui fait perdre l'habitude de considérer le bien des autres comme biens, et non comme rivalité : les habitués du succès deviennent ainsi facilement jaloux.
L'envie ou la jalousie se manifestent de différentes manières :
• La générosité trop démonstrative, qui agit principalement pour se montrer, ou faire mieux que les autres.
• A l'inverse, l'humilité faussée, (d'où l'allégorie du nain Timide) qui par auto-flagellation, refuse le bien offert (place d'honneur, cadeau, etc…), mais n'en est pas moins jalouse de celui qui l'obtient. Étrange comportement, mais pas si rare que ça.
• La jalousie est aussi facilement ciblée : on accepte le bien des autres sauf pour une personne donnée ; celle-là seule a interdiction d'être meilleure que nous.
En ces temps de confinement, on peut être jaloux des bonnes idées trouvées par les autres, des difficultés qu'ils n'ont pas, de la maison à la campagne qui les reçoit alors que nous sommes bloqués dans notre appartement des remerciements qu'on ne reçoit pas alors que nous aussi on travaille, non mais ! (Merci Sybeth pour l'occasion de rire plutôt que d'être jaloux).
Les conséquences ?
Ce sont :
• Au début : la diffamation : abaisser celui qui me dépasse
• Au milieu : la tristesse : un autre fait mieux que MOI, là je tourne en rond, j'échafaude des raisonnements faux : c'est le plan d'urgence pour faire survivre le MOI. Et pour peu qu'un malheur arrive à l'autre, je m'en réjouit : c'est la joie mauvaise.
• A la fin : c'est la haine : tous les motifs seront valables pour justifier cette haine. Des motifs peu avouables. Mais la racine cachée, c'est la jalousie, l'envie.
C'est ainsi que se déroula la première mort de l'humanité. C'est dire si ce défaut (comme les autres) est vieux comme le monde…
C'est pour cela qu'il faut avoir l'honnêteté d'examiner sa conscience sans fausses raisons, car :
3. "Nous sommes en guerre" (quelqu'un à la télé)
Alors réagissons : la jalousie, ou l'envie (ici pris dans un sens semblable) c'est la tristesse des biens d’autrui.
pour corriger ce désordre, il existe un remède rapide :
Ce remède, c'est la Chasteté.
Étonnant ? Pas si l'on regarde d'un peu plus près
Ainsi les religieux se séparent d'un bien en soi légitime (le mariage, les enfants) pour le Bon Dieu par le vœu de Chasteté.
Mais l'esprit et la vertu de chasteté sont applicables par tous : il s'agit de tempérer, de régler ses désirs, et de les régler sur Dieu, et non sur le MOI. Alors, les désirs désordonnés disparaissent : le bien du prochain m'attire ou m'attriste parce que je me laisse dévorer par lui. La chasteté calme ces ardeurs déplacés.
Notre cœur et divisé entre le bien de Dieu et le bien de MOI. La chasteté donne son amour à Dieu et non à un autre, même dans le mariage où l'autre est vu à travers Dieu. Alors la Jalousie disparaît
La vertu à pratiquer, c'est l'Espérance : En effet, l'Espérance nous dit que non seulement Dieu nous prépare un bonheur éternel sans commune mesure avec les petits plaisirs terrestres qui nous rongent, mais elle dit surtout que Dieu nous aime. Et s'il nous aime, il veut notre bien. S'il veut notre bien – et comme il est tout puissant – tous les biens qu'il nous donne nous servent, et tous ceux qu'il ne nous donnent pas nous sont inutiles ; pire : ils sont dangereux si on veut les utiliser en dehors du plan divin.
L'Espérance nous dit donc que chaque évènement, chaque circonstance de notre vie et la manifestation de l'amour divin auquel je réponds en les acceptant et en remerciant Dieu de sa Providence.
Quelques résolutions /remèdes:
• Reconnaître sa jalousie et se moquer de son ridicule
• Ni critiquer ni accuser
• Accepter que l’autre soit l’autre, avec ses qualités
• Accepter de se faire aider
• Se raisonner
• Cultiver l’estime (raisonnable et objective) de soi : à force de s'abaisser, on abaisse tout le monde pour les mettre au même niveau d'estime.
Bienheureux les pauvres en esprit, car le royaume des Cieux est à eux.